Journée internationale des femmes et des filles de science: portrait d’Emilie Lhomme, Data Scientist

Journée internationale des femmes et des filles de science: portrait d'Emilie Lhomme, Data Scientist

Un écart toujours plus important entre filles et garçons dans les résultats en mathématiques et en sciences : c’est le triste bilan que révèle la dernière étude TiMSS* selon laquelle l’écart de score en classe de 4ème entre les filles et les garçons est de 12 points en 2023 – contre 8 points en 2019 – en faveur des garçons. Par ailleurs, selon l’UNESCO, moins de 30 % des chercheurs dans le monde sont des femmes, et seulement 35 % des étudiants inscrits dans les filières STEM (science, technology, engineering, mathematics) sont des femmes.

A l’occasion du 10ème anniversaire de la Journée internationale des femmes et des filles de science (11 février 2025), GoCardless, société mondiale de paiement bancaire, a souhaité mettre en valeur le parcours d’Émilie Lhomme.

À 30 ans, Émilie Lhomme est Senior Data Scientist chez GoCardless, où elle travaille sur l’optimisation des paiements et la prévention des fraudes grâce à l’intelligence artificielle et au machine learning. En tant que tech lead, elle décide de la direction des modèles et des approches prises pour concevoir les solutions.

Après un baccalauréat scientifique, Émilie intègre une classe préparatoire MPSI (mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur), puis réussit le concours d’entrée à l’ENSAI, une grande école d’ingénieurs spécialisée en science des données. Dès ses études, elle se forge une solide expérience grâce à plusieurs stages. Après l’obtention de son diplôme, elle choisit de s’expatrier au Royaume-Uni, où elle évolue dans le secteur de la data science depuis huit ans.

Son attrait pour les sciences s’est dessiné dès son enfance, encouragé par un environnement familial propice à l’éveil scientifique.

« Je dirais que le choix de la filière scientifique s’est fait assez naturellement. Mon père est chercheur en informatique et mes parents ont très vite, dès mon enfance, encouragé la curiosité scientifique. Ensuite, à l’école, j’aimais beaucoup les maths. C’était vraiment une discipline dans laquelle j’avais de bons résultats. J’ai donc naturellement décidé de poursuivre dans cette voie, tout en assumant avec fierté ce désir de m’affirmer dans un milieu traditionnellement masculin. Oui, j’avoue qu’il y avait aussi dans ce choix un petit esprit d’opposition, celui d’être là où on n’attend pas forcément une femme ».

Dans son parcours, Émilie constate le déséquilibre entre les genres : en classe préparatoire, elles ne sont que cinq filles dans une classe de quarante élèves. En entreprise, elle est souvent la seule femme dans son équipe. Ce n’est que récemment, chez GoCardless, qu’elle découvre un environnement de travail où la parité est mieux respectée.

« Oui, il existe des préjugés sur les femmes dans les métiers scientifiques. Pour l’anecdote, lors d’un concours d’entrée en école d’ingénieurs, un professeur m’a affirmé que les femmes gâchent des places dans ces cursus, sous prétexte qu’elles quittent leur carrière à 30 ans pour fonder une famille. Et en entreprise, cela m’est aussi arrivé d’avoir un commentaire, sur le ton de la plaisanterie, selon lequel j’avais été embauchée parce que j’étais une femme. Mais je n’ai jamais laissé cela me freiner, bien au contraire ».

Aujourd’hui, Emilie souhaite encourager les jeunes filles à s’orienter vers les métiers scientifiques.

« Ce sont vraiment des métiers passionnants. On passe nos journées à réfléchir, à résoudre des problèmes et à apporter des solutions, on voit l’impact concret de ce que l’on fait et on se sent très utile ! Et ce sont également des métiers qui recrutent. Je souhaite aussi insister sur l’importance de la diversité dans le milieu scientifique, et souligner que plus les femmes seront nombreuses à s’engager dans cette voie, moins les préjugés auront de poids ».

A l’image de son parcours personnel, Émilie considère par ailleurs que l’éducation joue un rôle clé dans la construction des vocations scientifiques. Enfin, elle aspire à un monde où les individus, qu’ils soient hommes ou femmes, sont jugés uniquement sur leurs compétences et non sur leur genre.

« Chacun doit pouvoir suivre sa vocation, sans être freiné par les idées reçues. De manière générale, le message que j’aimerais passer est qu’il ne faut pas se laisser influencer ou s’empêcher d’avancer en raison d’attentes autour de sa personne. Et cela s’applique également aux hommes car, pour être honnête, il y a également beaucoup d’attentes placées sur eux ! ».

*Résultats de l’enquête TiMSS ((Trends in International Mathematics and Science Study) 2023 publiés en décembre 2024. Les évaluations sont passées dans 57 pays par des élèves de CM1. En France, les questionnaires ont touché 4739 élèves, leurs enseignants et leurs familles.