Guide des Métiers

Guide des metiers

Des intitulés qui évoluent, des métiers qui se transforment

Dans le foisonnement des intitulés professionnels contemporains, il devient parfois difficile de s’y retrouver. Les postes traditionnels de « Responsable » ou de « Directeur » cèdent de plus en plus souvent la place à des appellations anglophones, plus transversales, parfois plus floues, mais toujours plus stratégiques. Désormais, on ne parle plus de DRH mais de Chief People Officer, plus de Directeur Marketing mais de Chief Marketing Officer. Le D de « Directeur » s’efface derrière un C, celui de « Chief », signalant l’internationalisation des fonctions… mais aussi leur réinvention.

Ces nouveaux titres ne sont pas seulement un effet de mode : ils reflètent une transformation profonde du monde du travail. Ils révèlent des mutations d’organisation, des priorités qui changent, des périmètres qui s’élargissent et de nouvelles compétences qui s’imposent. Ce guide a été conçu pour décrypter ces intitulés, mettre des mots clairs sur des fonctions parfois floues, et offrir un panorama structuré des postes qui façonnent aujourd’hui l’entreprise.

Fruit d’une veille constante, alimenté par les nominations professionnelles recensées chaque jour sur MediaDreams.fr, ce guide a une double vocation : d’un côté, cartographier les métiers émergents et ceux en pleine croissance ; de l’autre, souligner les déséquilibres croissants entre métiers en tension et postes en perte d’attractivité.

Nous avons choisi ici de regrouper les métiers par grandes familles fonctionnelles : stratégie, RH, digital, marketing, produit, juridique, etc. Ce découpage permet de mieux visualiser les dynamiques sectorielles, les interactions entre fonctions et les tendances qui structurent les organisations d’aujourd’hui.

Bonne lecture — et bienvenue dans le monde vivant, mouvant et passionnant des nouveaux métiers.

🧭 Stratégie & Direction Générale

Les métiers rattachés à la stratégie et à la direction générale constituent l’ossature décisionnelle de l’entreprise. Ces fonctions incarnent la vision à long terme, orchestrent les opérations clés, assurent la coordination entre les services et impulsent la transformation. On y retrouve les postes les plus transversaux, souvent exposés, mais aussi ceux qui opèrent en coulisses pour garantir la cohérence et la fluidité du pilotage stratégique.

Le Chief Executive Officer, ou CEO, demeure la figure centrale de la gouvernance. Véritable pilote de l’entreprise, il incarne la stratégie globale, engage la responsabilité juridique et politique de la structure et oriente les décisions majeures. Son rôle dépasse la seule gestion : il assure une représentation de l’entreprise auprès des actionnaires, des partenaires et du grand public. Il incarne une vision à long terme, tout en s’adaptant à la volatilité des contextes économiques.

Le Chief Operating Officer, ou COO, agit en miroir opérationnel du CEO. Si le premier trace la direction, le second veille à la mise en œuvre. Il coordonne les services opérationnels, fluidifie les processus internes, garantit l’efficience des équipes et s’assure que les objectifs stratégiques se traduisent concrètement dans l’activité. Ce poste-clé exige une rigueur de gestion, une capacité d’arbitrage, et un sens aigu de la performance.

Fonction plus récente mais en plein essor, le Chief of Staff (ou CoS) est souvent décrit comme le bras droit invisible de la direction générale. Il joue un rôle de facilitateur stratégique, chargé d’anticiper les points de friction, de prioriser les dossiers transverses, de fluidifier la communication au sein du comité exécutif. Ni assistant ni conseiller politique, le CoS est un « chef d’orchestre de la coordination », positionné à la frontière entre l’ombre et la lumière.

Le Managing Partner, pour sa part, est souvent associé aux structures de type cabinet ou partenariat d’affaires. Il combine responsabilités opérationnelles et représentation stratégique. C’est un dirigeant élu ou nommé au sein d’un collectif, garant à la fois de la performance, de la vision collective et du climat interne. Il veille à l’équilibre entre les ambitions économiques et la gouvernance partagée.

Enfin, le Country Manager incarne la déclinaison locale de la direction générale. Dans un contexte internationalisé, il prend la tête des opérations dans un pays donné, représentant l’entreprise sur un territoire précis. Son rôle est hybride : garantir la cohérence avec la stratégie du groupe tout en adaptant l’exécution aux spécificités locales. Il combine ainsi leadership, adaptation culturelle, et pilotage opérationnel.

Ces métiers ne relèvent pas seulement de la hiérarchie traditionnelle. Ils traduisent une nouvelle grammaire du pouvoir : plus transversale, plus agile, plus connectée aux enjeux du terrain comme de la vision. Ils constituent le socle autour duquel les autres fonctions peuvent s’aligner.

📈 Développement commercial & Croissance

Dans un contexte économique marqué par l’hypercompétition, l’ultra-segmentation des marchés et la transformation des parcours d’achat, les métiers liés à la croissance et au développement commercial ont connu une profonde mutation. De nouvelles fonctions sont apparues, souvent issues de la culture start-up, articulant vision stratégique, maîtrise des données et connaissance pointue du client. Ces métiers sont désormais des piliers de la performance durable.

Le Chief Commercial Officer, ou CCO, est en première ligne de la stratégie de chiffre d’affaires. Responsable de l’ensemble des activités commerciales, il définit la stratégie de vente, structure les équipes commerciales et coordonne les actions entre marketing, relation client et force de vente. Son rôle est de maximiser les revenus tout en assurant une expérience client cohérente avec l’identité de marque. Dans les structures les plus agiles, il travaille en étroite synergie avec les directions produit et marketing, dans une logique de cycle court et de performance globale.

Le Chief Growth Officer (CGO) est une figure plus récente, typique des entreprises en forte croissance. Là où le CCO peut se concentrer sur la performance commerciale pure, le CGO adopte une approche plus transversale de la croissance. Il aligne marketing, ventes, produit, et parfois même expérience utilisateur, autour d’une stratégie unifiée. Son objectif : stimuler l’expansion, conquérir de nouveaux marchés, et générer de l’impact mesurable à court et moyen terme. Le CGO doit maîtriser les logiques de funnel, les outils d’automatisation et les leviers de croissance organique ou payante.

Le Chief Revenue Officer (CRO) occupe une position stratégique similaire, mais avec un périmètre plus clairement axé sur la rentabilité. Il structure les sources de revenus, optimise les canaux de monétisation, et pilote les KPI liés aux marges, aux coûts d’acquisition et à la fidélisation client. Le CRO est le garant de la conversion efficace des efforts marketing et commerciaux en valeur financière tangible.

Certains groupes intègrent les dimensions de croissance et de revenu sous un intitulé unifié : Chief Revenue and Growth Officer (CRGO). Ce poste hybride incarne une vision intégrée du développement, conjuguant ambition de croissance, exigence de rentabilité et fluidité de l’exécution. Il est souvent confié à des profils issus de la tech ou de la finance, à l’aise avec les tableaux de bord comme avec le terrain.

À des niveaux plus opérationnels, deux fonctions restent centrales dans les organisations. Le Business Developer est chargé d’identifier de nouvelles opportunités commerciales, d’étendre le portefeuille clients et d’initier des partenariats stratégiques. C’est un éclaireur, un négociateur, un chasseur de potentiel. Il agit souvent sur les phases amont du cycle de vente, avant de transmettre les leads aux équipes commerciales.

Quant à l’Account Manager, il intervient une fois la relation commerciale établie. Son rôle est de fidéliser le client, d’assurer un suivi fluide des prestations, de répondre aux demandes et d’identifier des opportunités de ventes additionnelles. Il est à la fois ambassadeur de la marque, interlocuteur clé du client, et vigie de la satisfaction.

Ensemble, ces métiers forment une chaîne stratégique : de la conquête à la conversion, de la fidélisation à l’expansion. Ils sont devenus indissociables de la compétitivité des entreprises modernes.

🎯 Marketing, Communication & Marque

La fonction marketing ne se résume plus à vendre un produit ou à promouvoir une offre. Elle est aujourd’hui au cœur de la stratégie d’influence, de la construction identitaire et de l’alignement entre la promesse de marque et l’expérience vécue. Les métiers qui la composent se sont considérablement enrichis : ils intègrent désormais la donnée, la stratégie, l’impact et la narration. Le vocabulaire qui les désigne en est un reflet direct, avec des intitulés de poste devenus aussi créatifs que stratégiques.

Le Chief Marketing Officer, ou CMO, reste la figure de proue de cette transformation. Il dirige la stratégie marketing globale de l’entreprise, en s’appuyant à la fois sur la compréhension du marché, la maîtrise des données clients et la créativité des équipes. Il élabore les campagnes, supervise les plans médias, pilote la stratégie de marque et mesure l’impact de ses actions sur la notoriété, la perception et la performance. Dans un environnement digitalisé, il doit jongler avec les canaux numériques, les logiques d’AB testing, les outils de CRM et les plateformes sociales, tout en gardant une vision cohérente de l’image d’entreprise.

Le Chief Marketing and Strategy Officer (CMSO) pousse encore plus loin cette logique intégrée. Il incarne la convergence entre réflexion stratégique et exécution marketing. Ce rôle, souvent réservé à des structures ambitieuses en transformation, vise à garantir une cohérence parfaite entre le positionnement de l’entreprise, ses choix d’allocation de ressources et ses messages clés. Le CMSO n’est pas simplement un directeur marketing renforcé : il participe activement à la définition du cap global.

Dans une dynamique plus transversale, on observe l’émergence du Chief Impact Officer. Ce poste traduit la montée des préoccupations liées à la responsabilité sociale, à l’éthique, à l’environnement et à l’image publique des entreprises. Le Chief Impact Officer est chargé de piloter les engagements sociétaux de l’organisation. Il définit les indicateurs d’impact, supervise les actions RSE, dialogue avec les parties prenantes et veille à la cohérence entre les valeurs affichées et les pratiques concrètes. Il travaille main dans la main avec le CMO, le DRH, le juridique ou la direction générale. Sa mission est de faire de l’impact un pilier stratégique, mesurable et structurant.

Dans certaines organisations, cette fonction prend une dimension encore plus ciblée : c’est le cas du Vice President of Philanthropy. Chargé des initiatives philanthropiques, il structure les mécénats, conçoit les politiques de don ou d’engagement associatif, développe les relations avec les fondations, et incarne l’engagement humaniste de l’entreprise. Ce rôle existe surtout dans les grandes entreprises internationales ou les institutions à forte vocation sociale.

Plus atypique, mais bien réel, le rôle de cyber-évangéliste vient souligner la nécessité croissante de faire de la pédagogie autour du digital. Il ne s’agit pas d’un poste technique, mais d’un métier de conviction, d’influence et d’acculturation. Le cyber-évangéliste accompagne la transformation numérique par la parole, la démonstration et l’engagement. Il promeut les outils digitaux, forme les équipes à leur usage, vulgarise les innovations technologiques. Souvent rattaché au marketing ou à la communication interne, il agit comme un catalyseur d’adhésion.

Ces métiers montrent à quel point la fonction marketing est devenue poreuse, stratégique et multidimensionnelle. Elle ne vend plus seulement des produits : elle incarne des récits, construit des identités et fédère autour de valeurs partagées.

🧑‍🤝‍🧑 Ressources Humaines & Culture d’entreprise

Longtemps cantonnée à la gestion administrative du personnel, la fonction RH connaît depuis plusieurs années une transformation profonde. Elle devient stratégique, centrée sur l’expérience collaborateur, la valorisation des talents, la culture d’entreprise et les enjeux sociaux. Les intitulés évoluent à mesure que le rôle s’élargit, gagnant en influence, en transversalité et en légitimité. Ce mouvement s’incarne dans de nouveaux postes, souvent inspirés de modèles anglo-saxons, mais ancrés dans des réalités bien concrètes.

Le Chief People Officer (CPO) est aujourd’hui la figure centrale de cette évolution. Il ne se limite plus à piloter les effectifs et les politiques de rémunération, mais construit une véritable stratégie de gestion des talents. Il veille à l’engagement des collaborateurs, à leur développement, à la cohérence des parcours professionnels, et à l’évolution de la culture interne. Il agit en partenaire de la direction générale, avec une vision orientée à la fois sur la performance et sur le bien-être. Dans les entreprises les plus matures, il participe directement aux choix d’organisation, à la gouvernance du changement et aux politiques de diversité.

Une déclinaison récente de cette fonction est le Chief People and Impact Officer (CPIO). À la dimension RH s’ajoute ici une mission d’impact interne. Le CPIO intègre dans son périmètre les enjeux de responsabilité sociale, d’éthique managériale et de qualité de vie au travail. Il agit comme un garant des valeurs humaines de l’entreprise, veillant à leur cohérence entre discours et pratiques, notamment sur les sujets d’inclusion, d’égalité professionnelle, ou de transformation managériale.

Autre fonction émergente : le People and Culture Manager. Ce poste souvent rattaché à des environnements agiles ou à taille humaine met l’accent sur la culture d’entreprise comme levier stratégique. Le People and Culture Manager accompagne les managers, anime la vie collective, soutient les pratiques collaboratives, et joue un rôle clé dans l’appropriation des valeurs internes. C’est un poste très transversal, qui demande autant de sensibilité humaine que de rigueur opérationnelle.

Ces fonctions illustrent une mutation majeure : les ressources humaines ne sont plus perçues comme une fonction support, mais comme une fonction d’impact. Le pilotage de la culture, de l’engagement, de l’expérience collaborateur devient un levier de différenciation et de performance. Le langage même des intitulés reflète cette bascule : on ne parle plus de « gestion du personnel », mais de « people strategy », de « culture design » ou d’« employee journey ». Derrière les mots, de vraies transformations sont à l’œuvre.

🧪 Produit, Innovation & Expérience

L’ère numérique a fait du produit bien plus qu’un objet ou un service : il est devenu une expérience, un parcours, parfois même un engagement. Dans ce contexte, les métiers liés à l’innovation produit se sont structurés autour d’une vision à la fois stratégique, technologique et centrée utilisateur. Ces rôles exigent de naviguer entre complexité technique, exigences business et attentes émotionnelles des clients. Ils nécessitent un sens de l’anticipation, une capacité à arbitrer et une aptitude à collaborer avec des équipes pluridisciplinaires.

Le Chief Product Officer (CPO) incarne cette montée en puissance de la fonction produit. À la tête de la stratégie produit, il définit la roadmap, supervise les développements, arbitre les priorités et assure la cohérence globale de l’offre. Il ne travaille pas seul : il est en lien constant avec le marketing, la tech, les ventes, le support client ou encore la direction financière. Son rôle consiste à garantir que chaque produit lancé réponde à un besoin réel, s’inscrive dans la stratégie d’entreprise, et délivre une valeur tangible pour l’utilisateur comme pour l’organisation. Le CPO est souvent un profil hybride, à la fois créatif et analytique, capable de penser long terme tout en gérant les urgences du court terme.

En lien étroit avec cette fonction, le Lead Developer occupe un poste à la fois technique et managérial. Responsable du pilotage technique d’une équipe de développement, il veille à la qualité du code, à la bonne application des méthodologies agiles, et à l’implémentation efficace des fonctionnalités définies dans la roadmap produit. Il joue un rôle clé dans l’équilibre entre faisabilité technique et ambition produit. Plus qu’un simple chef de projet technique, il est un leader de l’exécution et un relais stratégique du CPO dans les équipes de développement.

Ces métiers du produit s’intègrent dans une logique d’expérience globale. L’utilisateur, le client, l’usager deviennent les figures centrales de la conception. Le produit n’est plus vu comme une fin en soi, mais comme un vecteur de satisfaction, d’engagement et de différenciation. Les organisations qui placent ces métiers au cœur de leur stratégie envoient un signal fort : l’innovation est pilotée, pas improvisée. Elle est collective, ancrée dans l’écoute et structurée autour d’une vision.

💻 Technologie & Transformation Digitale

La fonction technologique s’est profondément transformée. Jadis cantonnée aux systèmes d’information, elle est aujourd’hui au cœur de la stratégie d’entreprise. Digitalisation des processus, automatisation, cybersécurité, déploiement d’architectures cloud, développement agile : la technologie n’est plus un support, elle est un moteur. Les intitulés de poste ont suivi cette évolution. Ils traduisent la complexification des enjeux, mais aussi l’intégration croissante entre technique, produit, client et métier.

Le Chief Technology Officer (CTO) est aujourd’hui le chef d’orchestre de la vision technologique de l’entreprise. Il définit les orientations à long terme en matière d’architecture, de choix techniques, de normes et de sécurité. Il veille à la cohérence des infrastructures, à la performance des équipes tech, et à l’innovation continue des solutions internes. Le CTO travaille aussi bien avec les développeurs qu’avec la direction générale. Il est capable de parler code, mais aussi stratégie. Sa mission : faire de la technologie un levier de compétitivité.

Le Chief Digital Officer (CDO), quant à lui, occupe un poste de transformation. Il ne gère pas directement l’infrastructure, mais pilote l’intégration du digital dans tous les pans de l’organisation. Son rôle est transversal, souvent à l’interface du marketing, des RH, de la relation client, et des services opérationnels. Il identifie les opportunités offertes par le numérique, impulse des projets de modernisation, accompagne les métiers dans leur évolution et veille à la montée en compétences digitales des équipes. Dans de nombreuses entreprises, le CDO est à l’origine de la bascule vers le cloud, de l’automatisation des processus ou de la refonte des plateformes clients.

Le Chief Information Officer (CIO) conserve un rôle fondamental, bien qu’il tende à se redéfinir. Historiquement responsable des systèmes d’information, il pilote aujourd’hui les SI dans une logique de gouvernance, de performance et de résilience. Le CIO garantit la sécurité des données, la disponibilité des services numériques, la conformité aux normes, et l’interopérabilité des outils. Il est le gardien du fonctionnement numérique quotidien, mais aussi un partenaire stratégique des projets de transformation.

Enfin, le Chief AI Officer (CAIO) incarne une fonction émergente, au croisement de la technologie, de la data et de la stratégie. Ce poste s’impose progressivement dans les organisations confrontées à la généralisation de l’intelligence artificielle. Le CAIO définit la stratégie IA de l’entreprise, pilote les cas d’usage prioritaires, organise la gouvernance des modèles et supervise les équipes data science. Il doit aussi acculturer les métiers, prévenir les risques éthiques et inscrire l’IA dans une vision de long terme. Il n’est pas un technicien enfermé dans une salle serveur, mais un stratège capable de faire dialoguer les experts et les décideurs.

Ces métiers reflètent la centralité croissante du numérique dans les organisations. Ils traduisent une transformation qui n’est plus périphérique, mais structurelle. La technologie est partout : dans les produits, dans les services, dans les outils de travail, dans la relation client. Et ceux qui la pilotent sont désormais au cœur des organigrammes.

📊 Données, Analyse & Intelligence Artificielle

À l’heure où la donnée est considérée comme l’un des actifs les plus précieux de l’entreprise, les métiers qui en assurent la gouvernance, l’analyse et la valorisation se positionnent au cœur des stratégies décisionnelles. Il ne s’agit plus seulement de collecter ou de stocker de l’information, mais de transformer ces masses de données en leviers de performance, d’anticipation et d’innovation. Les postes dédiés à la donnée et à l’IA occupent désormais un rôle transversal, stratégique et hautement sensible.

Le Chief Data Officer (CDO) est le grand architecte de la gouvernance des données. Il définit les politiques de gestion de la donnée au sein de l’organisation, depuis la collecte jusqu’à la valorisation, en passant par la qualité, la sécurité et la conformité. Il travaille de concert avec les directions métiers, les équipes IT, les juristes et parfois les responsables marketing ou RH. Le CDO n’est pas seulement un garant technique : il pilote une vision d’ensemble, orientée vers la performance et la prise de décision éclairée. Il doit également s’assurer que les données circulent de manière fluide, responsable et éthique.

Aux côtés de cette fonction, le Data Protection Officer (DPO) joue un rôle de régulateur. Né de la mise en œuvre du RGPD, ce poste s’est imposé comme un rempart contre les dérives liées à l’utilisation abusive ou non conforme des données personnelles. Le DPO veille au respect des obligations légales, sensibilise les équipes internes, documente les processus, et agit comme interlocuteur des autorités compétentes. Il est à la fois juriste, formateur et vigie. Son indépendance est essentielle, tout comme sa capacité à créer une culture de la conformité sans bloquer l’innovation.

Le Data Scientist, quant à lui, est un expert de l’analyse avancée. Il manipule des jeux de données complexes, conçoit des modèles statistiques, applique des algorithmes de machine learning, et cherche à dégager des insights prédictifs utiles à la décision. Il travaille avec les métiers pour identifier des cas d’usage, tester des hypothèses, affiner des prévisions. Son rôle nécessite une double compétence : technique (mathématiques, programmation, modélisation) et métier (compréhension des enjeux business). Il est souvent rattaché à des équipes data transverses ou à des pôles d’innovation.

Enfin, comme évoqué précédemment, le Chief AI Officer (CAIO) s’inscrit dans une logique d’orchestration de l’intelligence artificielle à l’échelle de l’organisation. Là où le Data Scientist intervient sur des modèles ponctuels, le CAIO déploie une stratégie globale, garantit la cohérence des usages IA, et en pilote les enjeux éthiques et organisationnels.

Ces métiers traduisent une mutation profonde des modes de décision. L’intuition ne suffit plus : il faut des preuves, des prédictions, des modèles, des simulations. La donnée devient un langage commun entre la stratégie et l’opérationnel. Et ceux qui la maîtrisent sont désormais incontournables dans toutes les entreprises ambitieuses.

⚖️ Juridique, Risques & Conformité

Dans un environnement de plus en plus encadré, exposé et interconnecté, la maîtrise du risque et le respect des cadres juridiques sont devenus des facteurs décisifs de pérennité. Les entreprises doivent composer avec une complexité normative croissante, des exigences de transparence accrues, des responsabilités élargies. Les fonctions juridiques et de gestion des risques ne sont donc plus des supports invisibles, mais de véritables leviers de sécurisation et de pilotage. Leurs représentants siègent désormais aux comités de direction, interviennent dans les décisions stratégiques, et contribuent activement à la gouvernance de l’organisation.

Le Chief Legal Officer (CLO) incarne cette montée en puissance du juridique. Il est le garant de la conformité de l’entreprise à l’ensemble des cadres législatifs, contractuels et réglementaires qui la concernent. Son rôle dépasse largement la supervision des contrats ou la gestion des litiges. Il conseille la direction générale, participe aux négociations stratégiques, encadre les risques juridiques, et veille à la protection des actifs immatériels (marques, brevets, données…). Le CLO est un partenaire d’influence, doté d’une vision holistique et d’une capacité à anticiper les évolutions du droit dans un contexte globalisé.

Le Chief Risk Officer (CRO) occupe un rôle complémentaire. Chargé de la cartographie et de la gestion des risques, il identifie les menaces potentielles — qu’elles soient financières, opérationnelles, technologiques, réputationnelles ou environnementales — et propose des stratégies pour les anticiper, les réduire ou les transférer. Le CRO travaille en étroite collaboration avec l’audit interne, le juridique, la finance, la DSI et la direction générale. Il élabore des plans de continuité, définit des indicateurs de suivi, et inscrit son action dans une logique de résilience organisationnelle. De plus en plus, il intègre à son périmètre les enjeux de cybersécurité et de gestion de crise.

Le Data Protection Officer (DPO), déjà évoqué précédemment, trouve naturellement sa place dans cette famille. Il veille au respect des règles de protection des données personnelles, en conformité avec le RGPD et les législations internationales. Son rôle, à la croisée du juridique, de l’IT et de l’éthique, est devenu incontournable dans toutes les structures traitant des données sensibles.

Ces fonctions, discrètes mais puissantes, sont les vigies silencieuses de l’organisation. Elles assurent la cohérence entre l’ambition et le cadre, entre la croissance et la responsabilité. Elles sont aussi, dans un monde instable, l’assurance que les décisions prises aujourd’hui ne deviendront pas les crises de demain.

🌱 Développement Durable, RSE & Impact

À mesure que les préoccupations environnementales, sociales et éthiques gagnent en intensité, les entreprises n’ont d’autre choix que de se positionner. Ce repositionnement dépasse la simple communication ou la conformité réglementaire : il touche au modèle économique, aux choix stratégiques, aux pratiques internes. Dans ce contexte, de nouvelles fonctions émergent, chargées de piloter l’impact de l’organisation et de transformer les engagements en leviers d’attractivité, de résilience et de performance durable.

Le Chief Impact Officer est l’un des symboles les plus forts de cette transformation. Véritable chef d’orchestre de la stratégie d’impact, il identifie les grands enjeux sociaux et environnementaux de l’entreprise, élabore une feuille de route alignée avec les objectifs du développement durable (ODD), et mesure l’effet concret des actions menées. Il travaille en étroite coordination avec les directions RH, marketing, juridique et financière, pour infuser une logique d’impact dans tous les pans de l’activité. Son rôle est à la fois politique, opérationnel et narratif. Il doit rendre des comptes, raconter ce qui est fait, et convaincre que la transformation est sincère.

Le Chief Sustainability Officer (CSO) occupe un rôle voisin, mais plus centré sur les enjeux environnementaux. Il pilote la stratégie climat, supervise les démarches de réduction des émissions carbone, oriente les politiques d’achat responsable, et accompagne la transition énergétique de l’organisation. Il est à la croisée de la technique, de la stratégie et du reporting extra-financier. Dans certains groupes, il est également responsable de la publication des rapports ESG (Environnement, Social, Gouvernance) exigés par les régulateurs.

La fonction de Vice President of Philanthropy, quant à elle, s’inscrit dans une logique d’engagement volontaire. Présente principalement dans les grandes entreprises ou les structures à vocation sociale, elle consiste à concevoir, structurer et piloter les programmes philanthropiques de l’organisation. Cela peut inclure le mécénat financier ou de compétences, le soutien aux causes d’intérêt général, ou encore le développement de partenariats durables avec des ONG, fondations ou acteurs publics. Ce poste exige une capacité à articuler sens, efficacité et cohérence avec les valeurs de l’entreprise.

Ces métiers, encore récents pour certains, sont en pleine structuration. Ils témoignent d’un glissement progressif mais profond : l’impact n’est plus périphérique, il devient stratégique. La performance ne se mesure plus seulement en chiffres d’affaires, mais aussi en utilité sociale, en cohérence éthique et en capacité à répondre aux défis du monde.

🌀 Fonctions hybrides & Rôles émergents

À mesure que les entreprises se transforment, des fonctions inédites apparaissent, à la croisée des disciplines, des postures et des enjeux organisationnels. Ces rôles ne s’inscrivent pas toujours dans les silos classiques. Ils sont le fruit de la recherche de souplesse, d’impact ou d’inspiration. Parfois encore rares ou flous, ils n’en demeurent pas moins porteurs de sens dans des contextes où l’innovation sociale, managériale ou numérique devient prioritaire.

Le People and Culture Manager est une de ces figures hybrides qui incarne la transformation culturelle de l’entreprise. À mi-chemin entre les ressources humaines, la communication interne et le développement managérial, ce poste vise à faire vivre concrètement les valeurs de l’organisation. Le People and Culture Manager anime la vie collective, accompagne les équipes dans l’appropriation des nouveaux modes de travail, favorise l’engagement des collaborateurs et veille à l’alignement entre discours institutionnel et vécu terrain. Il est souvent présent dans les environnements agiles ou dans les entreprises fortement orientées “expérience collaborateur”.

Le Country Manager, bien que plus classique, peut lui aussi être considéré comme une fonction hybride. Représentant de l’entreprise sur un territoire donné, il cumule des responsabilités de direction générale, de développement commercial et d’adaptation culturelle. Il est le garant de la stratégie locale, de l’atteinte des objectifs nationaux, et de la cohérence avec le positionnement global du groupe. Cette fonction nécessite un leadership souple, une intelligence interculturelle et une grande autonomie.

Le Managing Partner est quant à lui une figure issue du monde du conseil, des cabinets d’avocats ou des sociétés de services. Il conjugue posture de dirigeant, responsabilité collective et implication opérationnelle. Il coordonne les associés, pilote les résultats, veille à l’alignement stratégique et représente la structure auprès des clients et partenaires. C’est un rôle qui suppose une capacité à fédérer, à arbitrer et à incarner une vision partagée au sein d’un modèle entrepreneurial.

Plus singulier encore, le Cyber-évangéliste symbolise une nouvelle forme de leadership d’influence, fondée sur la pédagogie, l’acculturation et l’accompagnement au changement. Il n’est pas un expert technique au sens strict, mais un ambassadeur du numérique. Il sensibilise les équipes aux enjeux de transformation, vulgarise les innovations technologiques, et facilite l’appropriation des outils digitaux. Son rôle peut s’exercer en interne ou en externe, en entreprise ou en écosystème. Il intervient là où la technologie doit faire sens pour l’humain.

Ces métiers hybrides témoignent d’un monde professionnel en recomposition permanente. Ils brouillent les frontières entre fonctions, décloisonnent les expertises, et réinventent la manière dont les organisations s’adaptent à un environnement incertain. Leur point commun : une exigence d’agilité, de transversalité et de posture. Ils sont parfois éphémères, souvent expérimentaux, mais toujours révélateurs des mutations à l’œuvre.